Plumard de fleurs

« Entendez mes derniers mots, ô héros au nom de Transcendance. »
« Le mal qui coule dans son sang est encore plus ancien que ton nom. »
« Si tu as la même compassion pour les créatures mortelles que tes ancêtres… »
« Coupe-lui la tête et accorde-lui la joie de la liberté. »

Malgré les paroles du vieux sage, le guerrier qui avait enduré d’innombrables épreuves faisait toujours la sourde oreille.
Peut-être parce qu’il avait déjà dû dire au revoir trop souvent, il se pencha simplement et tint le saurienneau mourant dans ses bras.
Il appliqua doucement le précieux élixir sur les plumes tachées de sang du saurienneau, sans prêter attention au soupir laissé par le sage en partant.

« Que ce soit un tyran ou un saurien fou, que ce soit une malédiction ou le destin. »
« Le Clan des fleurplumes ne s’incline devant rien ni personne. »
« Si cette malédiction ridicule est un fardeau avec lequel il est né. »
« Alors je le libérerai de ses chaînes, comme l’ont fait nos glorieux ancêtres. »

C’est ainsi qu’un guerrier nommé Menilek et son fidèle compagnon Ngoubou se sont embarqués pour un pèlerinage.
Les nombreux parchemins et chansons du Clan des fleurplumes transmis jusqu’à ce jour racontent encore l’histoire des magnifiques aventures de ce héros et de son compagnon saurien.
Ils racontent comment le héros a déchiré les montagnes avec les cordes de son arc, et la façon dont le saurienneau est parvenu à transpercer la gorge du python maléfique.
Ils décrivent aussi comment ils ont combattu le monstre géant pendant quarante jours pour finalement en venir à bout grâce à un brochet…
Les histoires décrivent même le combat de Menilek contre Tenoch, qui n’avait pas encore été banni de la tribu, sous les rochers ardents…
Et combien Menilek a admiré le courage du héros avant de, bien des années plus tard, combattre la marée noire à ses côtés.
C’est une légende qui est aujourd’hui connue de tous dans les plaines ardentes et qui a été chantée par d’innombrables poètes au cours des cinq cents dernières années.

On dit souvent que toutes les rencontres dans ce monde finissent par des séparations inévitables.
Même ainsi, il y aura toujours des gens qui croiront profondément au soi-disant « espoir ».
Que dans les plaines sauvages ravagées par les flammes, de nouvelles fleurs vont éclore.
Cependant, tout comme la source de nombreuses tragédies réside dans des forces incontrôlables…
Le moule qui jette la misère dans le monde est souvent pétri de bonnes intentions.
Demain, demain, se répétait-il sans cesse pour se réconforter…
Jusqu’à ce que tout espoir se transforme en trahison, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de lendemain.

« Ngoubou, mon fidèle compagnon, repose-toi ici un moment. »
« Je reviendrai dès que tout sera terminé, alors, repose-toi bien. »
« Quand la marée noire se calmera, je reviendrai à tes côtés pour te réveiller. »
« Quand le printemps reviendra sur terre, je t’emmènerai voir les nouvelles fleurs s’épanouir sur les hautes falaises. »