Trembleur de terre

À cette époque lointaine, aujourd’hui considérée comme un mythe, d’immenses dragons survolaient encore les canopées,
Le héros qui devint plus tard connu sous le nom de Voleur du feu n’était alors qu’un garçon, aussi impétueux qu’un bulbul hallebardé.
Il se vantait de sa force et de sa bravoure innées, parcourant les forêts et défiant les passants au combat.
Pourtant, il fut facilement vaincu par un héros à moitié humain, disciple d’un grand guerrier, qui, avec des déplacements astucieux, l’attira dans la boue.

L’archer vit le jeune homme dans cette situation pour le moins délicate et ne put s’empêcher de rire aux éclats.
Je ne m’attendais pas à ce qu’une personne d’ordinaire réservée se mette à se moquer de quelqu’un comme ça.
Le jeune homme, à moitié gêné et à moitié en colère, prit sa décision.
Il allait les accompagner pour dissimuler la honte de sa défaite.

« Hé ! Vous êtes sûrement… Euh, en train de combattre quelque chose. Comment voulez-vous y arriver sans moi ? »
« Écoutez-moi bien ! Mon nom est Yupanqui, et je suis destiné à faire trembler la terre… Attendez, je n’avais pas terminé ! »

Bien des années plus tard, lorsqu’il repensait à cet épisode, sa naïveté et sa maladresse de l’époque le faisaient sourire.
Plus d’une fois, il s’est mis en danger en ne suivant pas les conseils, et à plusieurs reprises, il a irrité un artisan tranquille avec ses fanfaronnades.
Bien qu’il ait vaincu de nombreux ennemis, dans l’ensemble, il a fait plus de mal que de bien.
Malgré tout, les compagnons qui voyageaient aux côtés du grand guerrier toléraient son ignorance juvénile.
Alors que le feu du délire l’aveuglait, il crut entendre à nouveau les paroles du prêtre silencieux…

« Un jour, tu comprendras pourquoi tu as choisi cette voie verdoyante. »
« Par le carburant passé et la flamme présente, la vie continue d’avancer sans regarder en arrière… »
Tu dois répondre de toutes tes actions devant le feu. C’est ton chemin, à toi seul.

À l’époque où les bannières des tribus de la Cité de braise tombaient en ruine et où les serments s’étaient évanouis depuis longtemps.
Le roi humain, qui tombait peu à peu dans la folie, murmurait comme s’il était possédé, la peur dans les yeux.
Il se plaignait de temps en temps du vain espoir que les humains et les dragons pourraient un jour vivre ensemble en harmonie,
et pourtant, le héros vieillissant était incapable de lever l’étendard de la rébellion contre le seul vieil ami qui lui restait.

En fin de compte, tous les chemins verdoyants perdraient ainsi leur ancienne couleur.
La passion est comme un feu, pensait-il, malgré les regrets et la honte, une fois éteinte, c’est irréversible.
Tout comme il n’existe pas de feu dans le monde qui puisse s’embraser à nouveau, il n’y a pas de chemin qui n’appartienne qu’à lui.
Le vieil homme amer accepta donc sans un mot le poste peu intéressant d’officier d’artillerie de la Grande alliance.
Il prit la décision de ne plus interférer dans les ordres de son vieil ami, se contentant simplement d’attendre le jour de son retour au sanctifeu…

Ça a continué jusqu’à ce que le garçon aux pupilles rouges sauve les dragons et se présente seul chez l’officier d’artillerie au milieu de la nuit.
Avec une passion étrangement familière, il implora le héros vieillissant de briser les chaînes et de rompre le serment.

Le vieil homme taciturne ne répondit pas directement, mais tourna plutôt son regard vers l’épée poussiéreuse à côté de lui.
Une étincelle brillait à nouveau dans ses yeux devenus froids et troubles au fil des années.