Corne à boire cendrée

J’entends souvent les gens chanter ou raconter leurs histoires.
À ces joyeux banquets, aux heures où nous sommes ensemble.
Mon envie m’oblige à vous proposer une nouvelle chanson :
Je pincerai mes cordes, tisserai la mélodie,
Je commencerai alors à chanter, à conter mon histoire,
Celles des ancêtres, du courageux géant Tupac.
…
Le jeune et héroïque Tenoch serait furieux s’il entendait ça,
Comme un alligator sauvage, un cerf fier.
Il aurait levé son bâton pour dire à Tupac :
Pourquoi es-tu venu en mer ? Pourquoi as-tu traversé les vagues ?
Votre ancêtre Uenuku n’aurait pas été aussi arrogant.
Si vous osez vous opposer à moi, je veillerai à ce que vous alliez nourrir les poissons !

Tupac, qui était bâti comme un roc, aurait ri en entendant ça,
Comme un rhinocéros sauvage, comme un émeu majestueux.
En serrant fermement la coupe en corne, il aurait certainement répondu à Tenoch ainsi :
Comment une chose aussi insignifiante que toi pourrait-elle me faire le moindre mal ?
Cette corne à boire m’appartient de plein droit, ainsi qu’à mes congénères.
Si vous comptez me la prendre, il faudra me passer sur le corps !

Tupac, bâti comme un roc, a toujours été une figure héroïque :
Un jour, dans un accès de rage, il a brisé des montagnes à mains nues,
Il a enfoncé des roches tellement profondément dans la terre qu’il a fait remonter des sources thermales.
(Les sources thermales que l’on voit maintenant au sud-ouest,
C’est grâce à lui, et on en profite encore aujourd’hui.)
Il est parti seul en mer pour combattre une énorme baleine à deux queues,
Et il a arraché les longues dents du monstre pour qu’il puisse désormais les emporter avec lui.
Son cœur était aussi ardent et sauvage que les sources de cette époque.
Comment le jeune et courageux Tenoch pouvait-il espérer lui tenir tête ?
…
Tupac, qui était bâti comme une montagne, ne pouvait s’empêcher de se rappeler les événements d’il y a des décennies.
En particulier la fois où il a concouru avec Tenoch pour la corne à boire cendrée.
Alors, il s’exprima devant le seigneur des flammes.
Le gigantesque Tupac aimerait offrir cette corne à boire cendrée.
Il l’offrira pour que son dernier espoir se réalise.
Au nom du dernier espoir, il brandit la flamme.
Et s’y accrocha jusqu’à son dernier souffle.
Il aura donc gardé son serment jusqu’à ce que la vie l’ait entièrement quitté.
…
C’est ici que se termine mon histoire, j’espère que les jeunes s’en souviendront.
Souvenez-vous de mes paroles, des légendes des anciens.
Une fois, mon père a chanté pendant que soufflait une brise marine dorée.
Ma mère m’a enseigné la même chose lorsque j’étais encore jeune et naïve.
Les années sombres sont révolues depuis longtemps, le pire est derrière nous.
Il y a toujours des chants au-dessus des sources, et des festivals ont toujours lieu au coucher du soleil.
Mais n’oubliez pas cet avertissement, les jeunes :
Il y a deux choses auxquelles on ne peut jamais renoncer : l’unité et les promesses.