Final des profondeurs

Les légendes racontent que cette épée d’apparat appartenait autrefois à un musicien, dont le nom a depuis longtemps été oublié.
Les nombreuses décorations ostentatoires et les gemmes brillantes prouvent qu’il ne s’agissait pas d’un musicien ordinaire.

Selon les légendes, ce musicien était immensément fier d’une somptueuse symphonie ancienne, mais ne l’a jamais jouée devant quelqu’un d’autre.
Car cette musique n’inspirerait plus ni applaudissements ni lamentations dans ce monde chaotique. Et personne ne se donnerait la peine de retranscrire une composition aussi complexe…
Il y a un opéra à Fontaine qui dépeint sa vie. Bien que personne ne connaisse ses origines, tous comprennent sa tragédie.
Comme tant d’autres d’origine modeste, il scella son destin dans la ville où mènent tous les cours d’eau.

« Chers disciples ! Nous sommes les tisserands de la musique, les harmonistes de l’autorité, et la musique avancera à notre commandement ! »
« Notre musique est comme les vagues et les ondulations, le rythme de la matraque et la caresse d’un amant, conquérant tous ceux qui écoutent! »
Dans l’imposante académie de théâtre, les conférenciers ont expliqué cette musique magnifique, transmettant la civilisation et l’art à leurs disciples ignorants.
Les notes sur les partitions et les mélodies ont été arrangées dans un ordre impeccable, et ont été jouées parfaitement avec une raison et une sagesse absolues…

« Mais, comment la volonté d’ordre peut-elle s’appuyer sur l’adhésion à une convention rigide ? Les musiciens doivent être comme ceux qui transcendent. Ils doivent devenir la voix du sublime. »
« Le sublime doit être puissant, comme le cri des oiseaux au sommet d’une montagne, la colère écumante de la mer orageuse. L’ordre doit avoir une passion sans bornes. »
« Et après, de la passion sortira la gloire, la passion créera l’unité, et l’unité stabilisera l’ordre. Ce doit être le rôle essentiel de la musique et des musiciens. »
« La passion de vaincre ses ennemis, d’aimer ses camarades. Ce sont ces émotions sublimes qui séparent l’humanité en maîtres et esclaves. »
Plus tard, tout comme dans l’opéra, cette compréhension et cette interprétation uniques de la musique ont permis au musicien d’accéder au plus noble des temples…
À cette époque, sous la direction et la seule autorité du musicien, la musique devient le sceptre et le bouclier de l’autorité, conquérant d’innombrables auditeurs.

À l’âge d’or, les auditeurs s’enivraient de cette sublime beauté, et partageaient joies et peines dans la poursuite d’une même passion.
Mais quand la vue du peuple est bloquée par une vague gigantesque, les gémissements de ceux qui sont dévorés seront réduits au silence…
Et lorsque l’imposante académie de théâtre a finalement été détruite par le tsunami, les gens ont été terrifiés à l’idée de découvrir…
Les cadavres squelettiques de ceux qui ont été brûlés par la passion du musicien sont finalement découverts sous les fondations.