Ifa build, le guide complet

Histoire du personnage 1
« Si les humais peuvent être médecins et soigner les sauriens, alors les sauriens peuvent aussi soigner les humains » déclara un jour Ororon.
Ifa lui répondit après un long silence : « Ce n’est pas parce qu’une affirmation est contradictoire qu’elle a nécessairement du sens. »
« Tu penses…? »
En écoutant le ton qu’il employa, Ifa ne put s’empêcher de trouver cela dommage, car Ororon n’est pas vraiment stupide. Il dit parfois délibérément des choses qui semblent dépourvues de logique. De temps à autre, il souhaite simplement observer la réaction d’Ifa. Bien qu’il soit au courant, Ifa ne peut pas s’empêcher de faire une rétrospective de sa vie en se demandant comment il en est arrivé là aujourd’hui.
Son parcours a toujours été semé d’embûches. Être vétérinaire, c’est un peu comme diriger un jardin d’enfants : il est impossible de raisonner avec des petits qui ne savent même pas ce qu’est la raison. Les calmer est la seule chose à faire… Car tout ce qui vient ensuite n’est que de la souffrance : blessures, nettoyage des plaies, prise de médicaments, injections… À vrai dire, même si Ifa avait été l’un de ces chiots ou chatons, lui non plus n’aurait guère été capable de faire la différence.
Lorsqu’ils souffrent, ils crient et se débattent. Tel est l’instinct naturel de tous les êtres vivants. S’ils ne ressentaient aucune douleur, il y aurait alors de quoi s’alarmer.
Il en va peut-être de même pour la vie. Les chagrins et les séparations existent sans doute pour rappeler qu’elle ne cesse d’avancer, que les sauriens comme les humains vieillissent d’année en année.
Pour un médecin, c’est tout à fait naturel. C’est le prix à payer pour exercer cette profession. Du moins, c’est ce que se dit Ifa pour se rassurer.
En retour, il reçoit de l’affection et de la gratitude de la part des humains ainsi que des animaux. Les liens qu’Ifa a tissés avec ses « potos » sont plus forts que ceux du sang.
Tant que la joie sèche les larmes et fait disparaître la douleur… Alors cela vaut la peine de se battre.

Histoire du personnage 2
Ifa pense qu’on ne choisit pas nécessairement ce qu’on fait dans la vie. Parfois, on est naturellement là où on doit se trouver, en quelque sorte.
Par exemple, il ne se souvient pas de quand il est devenu celui qui prend soin des autres. Les enfants des voisins l’appelaient « grand frère ». Les sauriens, malades ou en bonne santé, le suivaient partout en gémissant. En entendant de nombreuses personnes plus âgées que lui l’appeler « doc », Ifa ne pouvait s’empêcher de sentir la peur grandir en lui.
Bien entendu, ce respect est aussi une source de fierté pour Ifa. Ce qui le ronge peut-être de l’intérieur, c’est la crainte de perdre un jour cette confiance. Cela le pousse parfois à aller très loin : fabriquer des jouets pour les petits sauriens, jouer de la guitare, ramener des sacs de fruits frais pour ses voisins à chaque fois qu’il revient d’avoir été soigner un patient… De temps en temps, on peut même l’apercevoir en train d’aider les enfants de la tribu à faire leurs devoirs.
C’est comme si quelqu’un avait trafiqué le passage du temps. Un jour, il hésitait encore à devenir vétérinaire, le souvenir encore frais dans sa mémoire de ses journées passées à chevaucher des sauriens. Et puis en un clin d’œil, la vie était passée par là et il s’est soudain rendu compte qu’il était devenu un adulte digne de confiance.
Il n’en est pas pour autant mécontent. Au contraire, en est très reconnaissant. C’est juste que de temps en temps, les anciens de la tribu évoquent le passé, et Ifa ne peut s’empêcher de penser au jeune garçon qu’il était.
Certains enfants adorent écouter ces vieilles histoires. Un petit poto qui n’avait pas essuyé les miettes de gâteau volcanique de son sourire en coin éclata de rire en entendant qu’Ifa arrivait autrefois à peine à lire un livre. « Ifa était aussi un petit poto avant ! Hahaha, Ifa le petit poto ! »
Personne ne l’avait appelé comme ça depuis une éternité. Ifa resta sidéré un instant, mais il s’en remit rapidement. Il essuya la bouche du petit à l’aide d’un mouchoir et s’esclaffa : « Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? Quel âge as-tu ? »
« J’ai six ans ! »
« Quelle coïncidence ! Moi j’ai cinq ans. Et si je t’appelais poto à partir de maintenant ? »

Histoire du personnage 3
Si l’on prend en compte ses parents éloignés, la famille d’Ifa est très grande. Cette dernière est connue pour ses compétences en soins vétérinaires. Mais quand on y regarde de plus près, peu de membres exercent ce métier. En d’autres termes, ni les sentiments ni la logique n’ont imposé à Ifa de suivre cette voie.
De plus, étudier la médecine est épuisant. Durant son enfance, c’était comme si tout ce que sa famille lui donnait à lire était des ouvrages médicaux. Les mots et les illustrations passaient dans son esprit comme un courant d’air. Le petit Ifa se mit à penser avec colère : « Je ne suis quand même pas obligé de devenir vétérinaire, pas vrai ? »
Il n’en était pas obligé, mais Ifa commença assez vite à comprendre ce qu’il lisait. Peut-être était-ce en raison de leurs visites fréquentes sur les champs de bataille pour venir en aide aux malades. Les parents d’Ifa avaient été affectés par l’Abîme et leur santé n’était pas très bonne. Malgré son jeune âge, Ifa eut une révélation et pensa : « Je ne suis quand même pas obligé de devenir vétérinaire… Pas vrai ? »
Malgré sa maturité, Ifa n’était pas encore un homme quand ses parents sont décédés. Après avoir assisté à leurs funérailles, Ifa, alors âgé de dix-sept ans, fut envahi par une sensation de vide. Il ne savait pas quoi penser.
Finalement, il devint vétérinaire.
Peut-être était-ce par tradition, ou simplement par habitude. Ifa devint rapidement le saurovéto le plus compétent, le plus agréable et le plus responsable. Une fois sa décision prise, il ne pensa plus à la question. Au fur et à mesure que la guerre faisait rage, la liste de tâches d’Ifa continuait de s’allonger. Mais c’est justement cette charge de travail qui l’aida à traverser cette période difficile.
Maintenant que la guerre était de l’histoire ancienne, Ifa avait enfin le temps de réfléchir à sa vie. On dirait cependant qu’il n’y a pas beaucoup de choses auxquelles penser.
Tout le monde a des choses à faire, pensa Ifa. Quant à moi, je souhaite simplement que tout le monde soit heureux.

Histoire du personnage 4
Si Ifa se laissait aller à la sympathie et adoptait tous les petits sauriens blessés qui croisent son chemin, il devrait abandonner sa clinique pour s’installer et vivre dans la nature. Ifa se connaît bien, s’il commençait, il ne pourrait pas s’arrêter. C’est pourquoi il s’est fixé une règle tacite : sauf nécessité absolue, il ne doit pas adopter d’animaux (ou d’humains, ou diverses créatures.)
« Non, non, non… » Ifa ferme les yeux pour se protéger du regard attendrissant de ses petits patients. « Je vais les aider à trouver un foyer… Il faut juste que ce ne soit pas ici. »
Sa discipline à ce niveau est digne d’éloges. C’est pourquoi il a du mal à admettre que Cacucu est une exception à la règle.
« Ce petit poto ne grandit pas » dit Ifa pour se justifier. « Il est petit et tout rond ! En plus, il sait parler, même si on ne comprend pas vraiment ce qu’il raconte… Ce serait dangereux de le relâcher maintenant. Je vais continuer à le prendre sous mon aile. »
« Il est trop gêné pour admettre qu’on profite de lui » révéla Ororon.
Même si Ororon prétendit qu’il n’a rien à voir avec tout ça, il n’aida certainement pas quant à l’adoption de Cacucu. Il protesta de manière silencieuse envers Ifa en pointant du doigt les feuilles de ses légumes présentant les marques du bec de Cacucu.
Ifa ne trouvait plus d’excuses et Cacucu finit par rester à ses côtés. Finalement, il décida à contrecœur (du moins, c’est ce qu’il fit croire) qu’il n’avait pas d’autre choix que d’adopter Cacucu. Il proposa même d’être le coursier d’Ororon pendant un mois en guise de compensation.
Mais si l’on prend un peu de recul, on s’aperçoit que cette histoire comporte en fait deux lacunes dont Ifa n’est pas conscient.
Première lacune : il y avait quelque chose d’étrange dans les dégâts causés au potager. Cacucu n’est pas stupide, alors pourquoi jouer avec Ororon ? En réalité, ces deux-là étaient de connivence depuis le début. Pour que Cacucu réalise son rêve ambitieux de devenir assistant à la clinique d’Ifa, la première étape était de trouver un moyen d’y entrer.
Deuxième lacune : bien qu’Ifa soit persuadé que la première fois où il a rencontré ce petit qucusaure tout rond était le jour de son sauvetage au bord de la route, Cacucu lui se souvient d’une autre version de l’histoire. Ce n’est pas une anecdote que tout le monde connaît, mais la mère de Cacucu fut un jour gravement blessée. Sans l’intervention rapide d’Ifa, elle n’aurait peut-être jamais pondu l’œuf qui contenait cet intelligent petit saurien. Lorsqu’il picora la coquille de son œuf, il vit Ifa pour la première fois. Malheureusement, ce dernier ne s’en souvient pas.
D’une part, Cacucu ne pouvait pas aborder le sujet avec son vocabulaire limité. D’autre part, comme le besoin ne s’est jamais présenté, Cacucu n’en parla pas à Ifa. La mère de Cacucu finit par succomber à ses vieilles blessures, et il est difficile pour un petit saurien de survivre seul dans la nature. N’ayant pas côtoyé beaucoup d’humains, Cacucu décida rapidement qu’Ifa, qui avait déjà aidé sa mère, était la personne idéale à suivre. S’il pouvait un jour devenir assistant dans cette clinique et lui rendre la pareille, ce serait encore mieux. Il s’agirait là d’un remarquable exploit dans le monde des sauriens.
Une fois la première étape du grand plan de Cacucu désormais accomplie, vint alors la deuxième : jouer l’idiot.
Compte tenu de la personnalité d’Ifa, quelqu’un bien trop heureux d’assumer les responsabilités des autres, connaître l’histoire de Cacucu lui donnerait probablement un sentiment inexplicable de culpabilité. Cela l’amènerait à se sentir responsable d’une manière ou d’une autre.
C’est pourquoi Cacucu prit la décision de ne plus s’en soucier. S’ils devenaient potos, il souhaite que cette relation soit sincère et non entachée par le passé.

Histoire du personnage 5
Pour être honnête, Ifa s’estime assez athlétique. Il s’entend également très bien avec les sauriens et a réussi son épreuve de vol haut la main. Grâce à ces deux avantages, Ifa pensait pouvoir se déplacer librement dans Natlan.
Alors qu’il n’était pas trop pris par ses responsabilités, il décida de rendre visite aux autres tribus.
Chez les Enfants des échos, il rencontra Xilonen, la talentueuse forgeronne. Elle était très enthousiaste et, en peu de temps, conçut des modèles d’équipement médical pour Ifa. Il apprit plus tard qu’elle était accablée par une responsabilité (celle d’une commande de Mavuika) et que tout travail sans rapport avec celle-ci était une bouffée d’air particulièrement frais. Il avait entendu dire que Xilonen était généralement impossible à joindre (parce qu’elle s’enfuyait incroyablement vite dans les montagnes), Ifa se sentit particulièrement chanceux.
Chez les Êtres des canopées, Ifa ressentait une ambiance similaire à celle du Clan des fleurplumes, celle d’une vie à son rythme dans les nuages. Il apprécia son temps passé là-bas à utiliser un grappin pour se balancer à travers les falaises. Son seul regret est de ne pas avoir eu l’occasion de rencontrer le légendaire chasseur de sauriens dont tout le monde parle. Ce n’est que plus tard, lorsqu’Ajaw se rendit à la clinique d’Ifa, que ce dernier vit son souhait se réaliser. Ce fut une fin heureuse pour tout le monde (sauf pour Ajaw).
Avant de se mettre en route, Chasca lui parla d’une jeune femme appelée Mualani qu’il pourrait trouver chez le Peuple des sources. Ifa attendit un moment devant les portes du magasin de sports nautiques, mais à part trébucher sur une planche de surf Requinou, il ne se passa pas grand-chose. Il participa ensuite seul à une compétition de surf, et c’est lors de la remise des prix qu’il rencontra enfin Mualani. En apprenant qu’il était parvenu à monter sur le podium à l’issue de sa toute première expérience de surf, Mualani le couvrit d’éloges. De la part de la championne en titre, ces gentilles paroles valaient certainement leur pesant d’or.
Il trouva les fruits du Collectif de l’abondance délicieux, mais son voyage aurait été encore plus agréable si tout le monde ne cherchait pas à le défier au bras de fer à tout bout de champ. Sentant qu’il avait peu de chances de gagner, Ifa déclina de nombreuses invitations sous prétexte qu’il devait encore pratiquer la médecine avec ses mains. Finalement, ce chapitre de son voyage se termina par une inscription à un programme de trois mois de cours de fitness avec Iansan. Ifa fit ses adieux d’un signe de la main et se mit en route sans jamais assister à une seule leçon.
La tribu des Maîtres du vent nocturne était la plus proche de celle du Clan des fleurplumes, mais aussi la plus mystérieuse. Ifa ne savait pas vraiment ce qu’on était censé y faire en tant que visiteur, alors il se dit qu’il pourrait y faire un saut sur le chemin du retour. Mais en cours de route, il ne pouvait s’empêcher de sentir que quelqu’un l’observait, mais il ne remarquait rien lorsqu’il se retournait. Semblable à un iktomisaure courant après sa queue, il continua ce petit manège en marmonnant.
Alors qu’il s’apprêtait à partir, il entendit un bruyant « ah ! » qui l’arrêta net. Ifa espérait se retourner pour la dernière fois. Il vit alors une femme aux cheveux clairs en colère, une main sur la hanche et l’autre pointant du doigt dans sa direction. Avant même qu’Ifa ne puisse demander ce qu’il avait fait de mal, quelqu’un d’autre l’attrapa pour s’enfuir en courant.
Tout s’est passé si soudainement que les détails ne sont plus très clairs. Quoi qu’il en soit, Ifa se retrouva involontairement impliqué dans un conflit entre une grand-mère et son petit-fils. En effet, ce dernier pratiquait les arts de l’invisibilité en se tenant délibérément derrière les passants. Cela avait même fonctionné sur les anciens de la tribu.
« Poto, c’est quoi cette histoire d’art de l’invisibilité ? Est-ce que ça existe au moins ? » La curiosité sincère et l’agréable tempérament d’Ifa finirent par calmer la colère de grand-mère Itztli.
Lorsqu’il rentra enfin chez lui, épuisé, ses parents lui demandèrent comment s’était passé son voyage. Il y avait tellement de choses à dire et il était bien trop fatigué, alors Ifa se contenta de leur répondre en souriant : « J’ai passé un bon moment et j’ai rencontré plein de potos super géniaux. »
Des potos qu’il allait certainement bientôt revoir.